
Depuis de nombreuses années, on parle plus de Lily Allen dans la rubrique people que pour ses albums. Mais aujourd'hui, parlons bien, parlons musique. Mon album préféré d'elle est It's Not Me, It's You, que j'ai beaucoup écouté et aimé quand il est sorti. Puis, il y a eu Sheezus, successeur qui s'est longtemps fait attendre, qui tente d'être féministe mais est bien trop simple dans ses mélodies et ses paroles et est vite écouté, vite oublié. Enfin, il y a eu No Shame en 2018. Personne ne l'attendait vraiment et il fût d'ailleurs un échec commercial. Il faut dire que c'est un album beaucoup moins accessible et beaucoup plus personnel. Et c'est justement là que ça devient intéressant et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi d'en parler aujourd'hui, histoire de remettre les pendules à l'heure !
Avec No Shame, Lily Allen n'a pas cherché à faire des tubes pop en puissances comme The Fear ou F*ck You, mais elle a juste voulu être elle-même. Elle, qui a vécu tant d'épreuves dans sa vie, un divorce, une crise d'identité qui l'a fait sombré dans la toxicomanie. Tout cela, elle en parle à c½ur ouvert. Si l''album est assez déconcertant à la première écoute, il mérite qu'on s'y attarde car on est surpris d'y trouver une vraie recherche de nouveautés sonores. L'album tourne autour de l'electro-pop minimaliste, mais il est plus varié que ça. Lily Allen va là où on ne l'attend pas comme avec son duo avec le rappeur Giggs sur Trigger Bang et des genres assez variés comme le hip-hop sur Your Choice, le reggae et dance-hall avec l'entraînant What You Waiting For? et s'approche de la soul avec la ballade Family Man produite par Mark Ronson. Côté paroles, la chanteuse évoque la douleur de son divorce sur Lost My Mind et Higher. La douleur ressenti et les reproches qui lui ont été fait sur Come on Then, s'interroge sur Lost My Mind et assume même sa part de responsabilité dans l'échec de son couple avec Sam Cooper sur What You Waiting For?, couple qu'elle essaye de recoller sur la touchante ballade piano Three, le manque de cet autre à jamais perdu sur My One et surtout, elle se relève et accepte finalement la réalité sur le dernier morceau de l'album, Cake, où elle donne comme leçon de ne jamais laissé décider quelqu'un d'autre pour soit, car ces autres peuvent nous manipuler et qu'il faut être prêt à se défendre (« In fact go get that rifle They will try, to take you down »). Lily Allen est redevenu elle-même et c'est la leçon de vie (et de survie) de cet album.
Lily Allen livre un album coup de poing avec No Shame, quatorze morceaux remplis d'une émotion sincère où elle balance tout ces maux, s'interroge et remet tout en question comme pour mieux guérir et repartir. Comme une thérapie, No Shame parle aux c½urs et se veut être une belle leçon de psychologie et de sentiments. Un album plus humain, en somme, qui n'a d'ailleurs eu qu'une promotion très limité. Seul le titre Trigger Bang est sorti en simple. Et si l'album est déroutant au premier abord, il ne faut surtout pas hésiter à se remettre dedans une deuxième, voir une troisième fois avant de s'en faire un avis objectif.
