Si ce fût déjà un sacré casse-tête pour moi de réaliser un classement de mes albums préférés des années 1990, lui donner une suite sur le même principe pour les années 1980 étaient quasiment impossible, car les années 1980 sont pour moi la décennie musicale la plus riche, la plus intense, la plus distinguée, où quelques-uns des plus grands artistes de tous les temps ont atteint des sommets. La simple évocation de Prince, Michael Jackson, George Michael, Madonna peut donner le tournis et faire regretter de ne pas avoir connu cette époque révolu. Et c'est pour cette raison que j'ai fait le choix d'une liste de mes albums préférés de cette décennie par ordre chronologique plutôt qu'un véritablement classement.

David Bowie - Scary Monsters (and Super Creeps) (1980)
Bowie commence fort les années 1980 avec Scary Monsters, qui est de loin son meilleur album de la décennie. L'artiste poursuit son épopée New-wave après la trilogie berlinoise, mais avec une approche plus rock où l'ont retrouve le guitariste Robert Fripp sur cinq titres. Avec Ashes to Ashes, il tourne le dos à ses démons du passé. Le clip lui permet de surfer sur la vague des nouveaux romantiques. Fashion est un autre sommet de l'album.
Kate Bush - Never for Ever (1980)
Bien avant Florence + the Machine, Kate Bush incarnait une idée d'une pop anglaise excentrique, évitant toute facilités. Avec Never for Ever, les arrangements sont somptueux, magnifiques, envoutant. L'incontournable Babooshka vaut à lui-seul le détour, mais il ne faut pas oublier les fabuleux The Infant Kiss, Army Dreamers et Breathing. Globalement, la richesse et la variétés des instruments éblouie, ainsi que la qualité des mélodies.
Prince - 1999 (1982)
Après les excellents, mais moins fédérateur Dirty Mind et Controversy, Prince rencontre un succès à la hauteur de son égo avec 1999. La provocation est encore bien de la partie et les métaphores sexuelles ne manque pas (Little Red Corvette, Lady Cab Driver). Les boites à rythme ont évolué et les arrangements sont plus travaillés encore, tout en conservant un son très funk... et surtout très Minneapolis.

Michael Jackson en 1984.
Michael Jackson - Thriller (1982)
On ne présente plus Thriller. Tout à été dit sur l'album de tout les records, qui permit à Michael Jackson de se faire adulé mondialement. La ligne de basse de Billie Jean, le solo de guitare de Beat It, la guitare funky de Wanna Be Startin' Something, le lyrisme de Human Nature et ses petites notes de synthés scintillant comme des étoiles, Thriller reste encore aujourd'hui un album ultra-marquant à écouter au moins une fois dans sa vie.
U2 - War (1983)
Troisième album pour U2 qui fait évoluer son style en s'éloignant de la New-Wave, mais en étant toujours très brut de coffrage, très post-punk. U2 poursuit sa rébellion et part à la guerre contre les injustices en dénonçant les évènements dramatiques de Londonderry sur Sunday Bloody Sunday, ou encore l'opposition au régime républicain en Pologne sur New Year's Day. D'une efficacité terrible à laquelle on accroche instantanément.
Jane Birkin - Baby Alone in Babylone (1983)
Quand le couple Gainsbourg-Birkin se sépare, cela provoque des étincelles de génie. Car Serge continua à écrire pour Jane, avec une plume qui comme la voix de la chanteuse, n'aura jamais été aussi forte en émotion, faisant ressortir toute la tragédie de leur rupture sur Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, et évoquant une autre figure tragique sur Norman Jean Baker et la pudeur des sentiments sur Les dessous chics.

Prince en 1982.
Lionel Richie - Can't Slow Down (1983)
Avec son second album solo, Lionel Richie marche clairement sur les plates-bandes de Michael Jackson avec un son résolument plus pop que ses précédents essais, en solo ou avec les Commodores. All Night Long est le tube incontournable par excellence et la machine à tube se poursuit avec Running with the Night et son tonitruant solo de guitare et sa terrible ligne de basse, sans oublier les ballades à faire chavirer Hello et Penny Lover.
Eurythmics - Touch (1983)
Dans les années 1980, Ziggy Stardust connait un pendant féminin avec Annie Lennox, chanteuse charismatique du duo Eurythmics. Elle est l'auteur des chansons quand Dave Stewart en est le compositeur. D'histoires d'amours tumultueuses sur des musiques New-Wave avec une symbiose parfaite de notes de synthés et boites à rythmes, voilà ce dont il est question sur les toujours modernes Here Comes the Rain Again et Who's That Girl?
Prince - Purple Rain (1984)
Prince aurait-il été jaloux du succès de Thriller ? Quoiqu'il en soit, plus qu'un long clip, c'est un film que Prince va vouloir réaliser et sa BO sera un succès mondial. Plus rock, avec un jeu de guitare influencé par Santana sur la chanson-titre, Prince s'ouvre à un public plus large, mais n'en oublie pas ses origines funk avec I Would Die 4 U. Pied de nez à Billie Jean, le monumental When Doves Cry a le culot de ne pas contenir de ligne de basse.

Serge Gainsbourg en 1985.
Alphaville - Forever Young (1984)
En veux des tubes ? En voilà. En veux tu des synthés ? Eh bien là, autant dire qu'on est servi. Les allemands n'étaient pas des novices en la matières et Alphaville fait dans l'efficace, mais il en ressort quelque chose d'émouvant, dans ce qu'ils chantent sur une Allemagne divisé, l'insurrection de l'est, les divisions de la société, et puis il y a bien sûr la voix de Marian Gold et ces tubes immenses que sont Big in Japan et Forever Young.
Serge Gainsbourg - Love on the Beat (1984)
Après le reggae, c'est à la funk que Gainsbourg va toucher. Produit par Billy Rush, un proche de Nile Rodgers, l'album commence par un Love on the Beat qui n'aurait pas démérité sur un album de Prince. Gainsbourg décrit l'acte sexuel pendant huit minutes. Lemon Incest, en duo avec sa fille Charlotte fera un tôlé pour son ambiguïté incomprise, mais la chanson y évoque pourtant bien l'amour que nous ne feront jamais ensemble.

U2 en 1983.
Dire Straits - Brothers in Arms (1985)
Brothers in Arms est aux années 1980 ce que Dark Side of the Moon est aux années 1970, le nec-plus-ultra du rock progressif de la décennie. Money for Nothing et ses huit minutes sont une tuerie absolue, avec ses riffs de guitares iconiques et la voix de Mark Knofler doublé en voix de tête par celle de Sting. La richesse des arrangements, le saxophone sur Your Latest Trick et la mélancolie de la chanson-titre en font un grand album.
Tears for Fears - Songs from the Big Chair (1985)
Groupe emblématique du courant New-wave, Tears for Fears a su marquer d'une emprunte indélébile la décennie avec cet album et ces deux tubes énormes que sont Shout et Everybody Wants to Rule the World. Le groupe fait preuve sur ce disque d'une belle recherche de sonorités avec une variété exemplaire de sons et d'instruments utilisés, comme le saxophone sur The Working Hour et l'ambiance planante de Listen.
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Kate Bush - Hounds of Love (1985)
Il est des albums qu'on aime instantanément et celui-ci en fait parti. Dès les premières notes de Running Up That Hill, on sent qu'on à là quelque chose de grand. Mais la force de Hounds of Love est d'être un album-concept divisé en deux, avec une moitié relativement accessible et une autre très expérimentale. La maitrise orchestrale de l'ensemble est absolument bluffant. Mention spéciale à Cloudbusting et le planant Hello Earth.

Kate Bush au milieu des années 1980.
Et aussi...
Prince - Dirty Mind (1980)
U2 - Boy (1980)
Prince - Dirty Mind (1980)
U2 - Boy (1980)
Renaud - Marche à l'ombre (1980)
The Clash - Sandinista! (1980)
The Cure - Faith (1981)
David Bowie - Let's Dance (1983)
Isabelle Adjani - Pull Marine (1983)
Cyndi Lauper - She's So Unusual (1984)
Bruce Springsteen - Born in the U.S.A. (1984)
Depeche Mode - Some Great Reward (1984)
The Smiths - Meat is Murder (1985)
Eurytmics - Be Yourself Tonight (1985)
A suivre...