Wet Leg de Wet Leg (album parût le 8 avril 2022)
★★★★
Tout est bon pour découvrir de nouveaux artistes, même la summer playlist de Barack Obama. Surtout quand les Inrocks titre en gros « Barack Obama écoute t-il vraiment Wet Leg ? », je me suis tout juste poser la question « Mais c'est quoi Wet Leg ? » que j'étais déjà entrain de regarder le clip de Angelica.
Et là, je découvre un duo de nanas qui font dans un rock indé très garage qui rappelle les tubes des Arctic Monkeys ou Franz Ferdinand. Sans prise de tête, elle joue à fond la carte de l'autodérision dans leurs clips et dans les paroles de leurs chansons où elles exposent des situations embarrassantes avec humour, comme dans la pop psychédélique d'Angelica, où il est question d'une fille dans une soirée qui n'est pas du tout à sa place et se sent moqué. Mais ce n'est rien comparé à Wet Dream où la chanteuse Rhian Teasdale chante à propos d'un ex qui lui envoie un texto lorsqu'elle apparaît dans ses rêves érotiques. Ce à quoi elle répond « What makes you think you're good enough / To think about me when you're touching yourself? ». Qui plus est, le morceau est super entrainant grâce à ses riffs rock et ses claquement de mains très disco. Les deux filles se moque aussi bien de la société de consommation dans le mélancolique Supermarket. Teasdale clame le mal-être sur I don't Wanna Go Out : « And now I'm almost 28, still getting off my stupid face / A fucking nightmare, I know I should care / Right now, I don't care » et se moque de ceux qui cherchent à rester jeune éternellement. Le riff de guitare de ce titre est un clin d'½il à The Man Who Sold the World de David Bowie.
Il est question d'apparance aussi sur Ur Mum où le duo chambre ceux qui veulent à tout prix paraitre cool et faire la fête : « When I think about what you've become / I feel sorry for your mum / You say we're all having fun / Do you know you're the only one? ». Ne se prenant décidément jamais au sérieux, les filles chantent de manière assez ironique sur Being in Love : « There's a smile on my face / For the whole human race / Why, it's almost like bein' in love » commençant l'album de manière assez énergique avec de gros riffs sur le refrain. Puis il y a Oh No que j'aime beaucoup car elle se moque de l'addiction et l'utilisation excessive des téléphone. Dans le même registre, Too Late Now, est une sorte de crise de panique par rapports aux temps qui passe quand on est jeune et aux rapports compliqués que nous pouvons avoir avec les réseaux sociaux et - justement - nos téléphones, qui se termine par « I just need a bubble bath to set me on a higher path » (« J'ai juste besoin d'un bain moussant pour me mettre sur un chemin plus élevé »). Chaise Longue, enfin, est le tube par excellence. Sans message profond, si ce n'est celui de s'interroger sur la passivité et les attentes féminines, c'est un titre post-punk aux influences New-Wave d'une efficacité terrible.
En plus, elles sont jolies, surtout Rhian Teasdale (celle qui a le plus de rouge sur elle).
J'ai beaucoup aimé découvrir ce groupe originaire de l'île de Wight au sud de l'Angleterre car ça fait du bien de voir que déjà le rock simple et efficace dans le style des premiers albums des Arctic Monkeys est encore vivant et qu'il y a encore des artistes simples et naturels qui peuvent connaitre le succès et faire bouger les foules, loin des superstars qui vont chercher des dizaines d'auteurs et de producteurs pour obtenir un truc surfait. Wet Leg s'en moque, elles sont juste géniales et c'est ça qui est bien.
Wet Leg
